Si la première méthode pour écraser le raisin a probablement été le foulage par les pieds, les hommes durent un jour mécaniser le système et après avoir utilisé le procédé de la torsion d’un sac de toile qui contenait les fruits à l’aide de deux bâtons, ils inventèrent le pressoir.
Les plus anciens en Savoie semblent avoir été les pressoirs à levier généralement utilisés dans les domaines seigneuriaux ou monacaux importants. De dimensions monumentales ils étaient de conception relativement simple : un levier bloqué à l’une de ses extrémités et lesté à l’autre exerçait une pression continue sur des madriers disposés sur la vendange.
Il existait trois sortes de pressoirs à levier :
- Le pressoir à levier à treuil.
- Le pressoir à levier avec cuvier
- Le pressoir à levier à vis
Il semble ne rester que quatre grands pressoirs à levier en France, deux sont au célébrissime château du Clos de Vougeot, un à Pontanevaux à côté de Mâcon, et un au Musée régional de la vigne et du vin de Montmélian. Un pressoir à levier de taille moindre est exposé (à la pluie et au soleil !) à côté du pont Valentré à Cahors.
Pour échapper aux inévitables impôts et redevances seigneuriaux, les paysans utilisèrent un modèle de pressoir inspiré de celui déjà décrit dans l’Antiquité par Pline l’Ancien : le pressoir à vis centrale en bois. Il était composé d’un bâti imposant reposant sur un socle en bois ou en pierre appelé maie, la traverse supérieure fixe percée en son centre recevait une énorme vis elle même comportant 2 ou 4 trous dans lesquels on introduisait un levier. En tournant autour du pressoir les vignerons faisaient descendre cette vis directement sur des madriers ou par l’intermédiaire d’une barre horizontale appelée guidon.
On perfectionna ce système en créant le pressoir à deux vis centrales en bois.
Au XIXème siècle on remplaça la vis en bois par une vis en fer. Avec ce système la vis centrale servait d’axe à un écrou en fonte qui appuyait directement sur le manteau. Peu chers et de dimensions restreintes ces nouveaux pressoirs ne tardèrent pas à s’imposer en Savoie.
En 1874 un Dauphinois nommé Marmonier inventa ce qui allait demeurer comme l’ultime perfectionnement des systèmes de pressurage manuel : le pressoir à vis, dit américain. Ce système complexe à levier multiple différentiel et à bielle unique permettait à un seul homme d’obtenir la pression d’assèchement de la pressée, sans pour autant se déplacer pour actionner le levier de manœuvre.
Des fabricants locaux, Bertholio Frères à Doussard (74), et Poyet à Frontenex (73) perfectionnèrent et fabriquèrent ce système.
Sources : Almanach du vieux Savoyard 1996.
Le bassin Favergien, A. Ramella-Pezza.