A l’image de la Maurienne, la Tarentaise fut un terroir où l’on cultiva la vigne jusqu’à la crise phylloxérique. Pierre Tochon évoque 754 hectares en 1887, plantés de cépages qui, outre le Hibou et la Douce-noire, n’étaient souvent pas répandus dans les autres vignobles savoyards ; il cite aussi la Gouche ou Guy-noir, la Rogettaz, le Rognin, la Grosse-rogettaz, le Belochin et la Douce-noire grise (!). Aucun de ces cépages rouges ne donnaient semble-t-il de vins de qualité.
Les cépages blancs avaient eux aussi leur singularité : la Gouche blanche ou Guy-blanc, le Verpelin blanc et le Blanc-verdan. Aucun de ces cépages n’a survécu aujourd’hui.
Comme nous l’avons vu précédemment, la crise phylloxérique sonna le glas de la vigne en Tarentaise et accéléra le mouvement d’abandon de cette culture qui avait déja commencé avec l’expatriation de nombre d’habitants de la vallée vers des contrées plus riches comme Paris où ils devinrent écaillers ou polisseurs-bronzeurs. « La population de Tarantaise commençait à peine à suffire aux travaux des champs et des prés. Comment aurait-elle suffi à ceux de la vigne ? »
Heureusement la population locale n’a pas accepté de voir disparaitre une tradition et un savoir-faire. Des initiatives associatives ont donné l’impulsion nécessaire au retour de la vigne en Tarentaise. Tout d’abord dans le bas de la vallée, à Cevins (voir article précédent), avec l’association Vivre en Tarentaise.
Aujourd’hui c’est l’association Vignes de Tarentaise, créee en 2008 avec le concours de l’Assemblée des Pays de Tarentaise-Vanoise. Elle a pour objectif de sauvegarder et de réhabiliter les vignobles du Versant du soleil à 900 mètres d’altitude, entre Moûtiers et Bourg-Saint-Maurice. L’association a lancé un cycle de formations et d’informations adressées « à tous les gens du pays susceptibles d’entretenir une parcelle de vigne, de donner la main au grand-père ou de bichonner le cep grimpant sur le mur du garage ». Grace à ce réseau énergique et inventif la vigne n’est pas morte en Tarentaise.