Le terme cru désigne le lieu où « croît » la vigne. Par extension, il désigne aussi une catégorie de vin dans un lieu donné.
La notion d’adéquation entre un terroir et un cépage n’est pas nouvelle puisque Pline l’Ancien en parle dans le tome XIV de son Histoire naturelle : « Certains plants ont en effet un amour, peut-on dire, pour le terroir qu’ils y laissent toute leur gloire et perdent toujours en les déplaçant leurs qualités. C’est le sort de la Rhétique et de l’Allobroge (…), dont le raisin noir mûrit à la gelée ».
La Savoie possède 22 crus (23 cépages) selon les sources du Comité Interprofessionnel des Vins de Savoie :
- L’A.O.C. Seyssel date de 1942. Elle représente 3% de la production des vins de Savoie.
- 16 A.O.C. Vin de Savoie qui représentent 89% de la production (2005). Ses crus datent de 1973 et 1983 :
Abymes, Apremont, Arbin, Ayze, Chautagne, Chignin, Chignin-Bergeron, Cruet, Jongieux, Marignan, Marin, Montmélian, Ripaille, Saint-Jean-de-la-Porte et Saint-Jeoire-Prieuré.
L’A.O.C. Crépy date de 1948 et a été rattachée à l’A.O.C Vin de Savoie en 2008. - L’A.O.C. Roussette de Savoie cru Frangy.
- L’A.O.C. Roussette de Savoie cru Marestel.
- L’A.O.C. Roussette de Savoie cru Monterminod.
- L’A.O.C. Roussette de Savoie cru Monthoux. Dans son ensemble l’A.O.C Roussette de savoie représente 8% de la production (2005).
- Pétillant et mousseux de Savoie cru Ayze.
Les appellations régionales « Vin de Savoie » et « Roussette de Savoie » doivent appartenir aux aires de productions suivantes :
– Département de la Savoie : Apremont, Arbin, Barby, Billième, Chanaz, Le Bourget-du-Lac, Brison-Saint-Innocent, Challes-les-Eaux, Chignin, Chindrieux, Cruet, Francin, Fréterive, Jongieux, Lucey, Les Marches, Montmélian, Motz, Myans, Ruffieux, Saint-Alban-Leysse, Saint-Baldoph, Saint-Germain-la-Chambotte, Saint-Jeoire-Prieuré, Saint-Jean-de-la-Porte, Saint-Jean-de-Chevelu, Saint-Pierre-d’Albigny, Serrières-en-Chautagne, Yenne.
– Département de la Haute-Savoie : Ayze, Bassy, Bonneville, Challonges, Chaumont, Chessenaz, Clarafond, Desingy, Frangy, Franclens, Marignier, Marin, Massongy, Musièges, Publier, Sciez, Thonon-les-Bains, Usinens, Vanzy, Ville-la-Grand.
En ce qui concerne les communes suivantes : Ballaison, Douvaine, Loisin, Seyssel, seuls les vins rouges répondant à certaines conditions peuvent bénéficier de ces appellations.
– Département de l’Isère : Chapareillan.
– Département de l’Ain : Seyssel, Corbonod.
Pour ces communes, seuls les vins rouges répondant à certaines conditions peuvent bénéficier de ces appellations.
Pour une information complète il faut préciser que les » Vin de pays d’Allobrogie » qui n’ont pas droit à l’A.O.C. peuvent, eux aussi, être très estimables. Pour avoir droit à cette dénomination les vins doivent être issus de vendanges récoltées sur les territoires suivants :
– Dans le département de la Savoie : Cantons d’Aiguebelle, Aix-les-Bains, Albens, Albertville-Nord, Albertville-Sud, Chambéry-Nord, Chambéry-sud, Chambéry-sud-Ouest, Chamoux-sur-Gelon, Grésy-sur-Aix, Grésysur-lsère, La Motte-Servolex, Le Pont-de-Beauvoisin, La Ravoire, Ruffieux, Saint-Alban-Leysse, Saint-Pierre-d’Albigny, Saint-Genix-sur-Guiers et Yenne.
Canton de Montmélian : Communes d’Apremont, Arbin, La Chavanne, Chignin, Francin, Les Marches, Les Mouettes, Montmélian, Myans, Planaise, Sainte-Hélène-du-Lac, Saint-Pierre-de-Soucy , Villard-d’Héry et Villaroux.
Commune de Laissaud : lieux-dits La Ronzière, Merlin et La Plantée.
Canton de La Rochette : Commune d’Arvillard, Le Bourget-en-Huile, La Croix-de-La Rochette, Détrier, Etable, Le Pontet, Presle, La Rochette, Rotherens, La Table, La Trinité, Le Verneil et Villard-Sallet.
Commune de la Chapelle-Blanche : lieux-dits Les Pichottes, Le Plateau de Varoz et Le Mont-Cenis.
– Dans le département de la Haute-Savoie : Cantons d’Annemasse, Bonneville, Douvaine, Evian-les-Bains, Frangy, Saint-Julien-en-Genevois, Seyssel, Thonon-les-Bains et Cruseilles.
– Dans le département de l’Ain : Canton de Seyssel.
On remarquera enfin qu’aucun vignoble des grandes vallées de Tarentaise et de Maurienne n’a été retenu pour bénéficier des appellations.
Le profane peut aisément s’égarer parmi les appellations et les crus qui n’obéissent pas tous aux mêmes contraintes :
– Le cru Arbin est produit uniquement avec de la Mondeuse.
– Le cru Chignin-Bergeron provient exclusivement du cépage Roussanne.
– Les crus Crépy, Marin, Marignan et Ripaille sont élaborés avec du Chasselas.
– Les autres crus, s’ils n’ont pas de cépage exclusif, sacrifient souvent à la tradition : ainsi on espère une Jacquère lorsque l’on commande un Chignin ou un Abymes car c’est le cépage majoritaire sur ces terroirs. Les données qui suivent s’inspirent de ce principe. (Voir aussi le chapitre sur les cépages autorisés pour les Appellations d’Origine Contrôlée).
Faute de producteurs, on notera la disparition parmi les « A.O.C. Vin de Savoie » de deux crus répondant aux appellations : Charpignat (73) et Sainte-Marie-d’Alloix (38).
La Savoie occupe la treizième place (sur quatorze), au niveau national, en terme de superficie plantée en vigne. Sur l’ensemble des quatre départements, les surfaces en vigne destinées à l’appellation ont été multipliées par deux en 25 ans : elles représentent aujourd’hui 80 % de la surface viticole de la Savoie, 50 % de celle de la Haute-Savoie et 10 % de celles de l’Ain et de l’Isère.
Aujourd’hui la production est très variable d’un cru à l’autre, allant par exemple de 26 000 hl pour l’Apremont à 103 hl pour la Roussette de Monthoux.
Le signe * indique des chiffres fournis par le Comité interprofessionnel des Vins de Savoie pour l’année 2003. Les autres données chiffrées sont tirées du livre « Les vins des terroirs de Savoie » d’André Combaz (1990).
Pour plus d’informations sur les Appellations d’Origine Contrôlée, l’on se reportera à la page Annexes.
- Abymes
- Apremont
- Arbin
- Ayze
- Chautagne
- Chignin
- Chignin-Bergeron
- Crépy
- Cruet
- Frangy
- Jongieux
- Marestel
- Marignan
- Marin
- Monterminod
- Monthoux
- Montmélian
- Ripaille
- Saint Jean de la Porte
- Saint Jeoire Prieuré
- Seyssel
Les vins pétillants
Les vins mousseux ou pétillants doivent être préparés par seconde fermentation alcoolique en bouteille. La durée de conservation en bouteilles sur lies ne peut être inférieure à neuf mois pour les vins mousseux ou pétillants.
Chaque région viticole de Savoie produit ses vins pétillants, les plus réputés sont évidemment les mousseux de Seyssel et d’Ayze.
On notera que l’appellation « Méthode Champenoise » n’est plus employée hors de Champagne depuis 1992 et qu’on utilise le terme « Méthode traditionnelle ».
Hors appellation, ces vins pétillants, souvent travaillés à partir de Jacquère et de Chardonnay, peuvent avoir un certain caractère (sans excès) et accompagner apéritifs ou desserts. On pourra aussi les utiliser pour mouiller la fondue.
Quelques vignerons travaillent aujourd’hui une petite partie de leur Gamay en un vin de dessert, rosé et pétillant, qui plait à toute la famille. Cette production n’a pas droit à l’appellation Vin de Savoie.
Les vins rosés
Les vins rosés sont eux aussi travaillés dans presque tous les terroirs, souvent à partir de Gamay, quelques fois avec du Pinot, et nous avons découvert à Monthoux un excellent rosé élaboré avec de la Mondeuse.
Les résultats surpassent souvent nombre des vins méridionaux que l’on sert aux consommateurs à longueur d’été.
Appellations disparues
Deux appellations ont déjà disparu du terroir savoyard, il n’est pas interdit de penser que d’autres suivront. On trouvera en page Terroirs un chapitre sur les vignobles disparus et ceux qui tel Cevins renaissent.
Charpignat
Situé dans le Val du Bourget sur la rive gauche du lac du Bourget le terroir de Charpignat ne compte plus que quelques vignes qui résistent encore à l’urbanisation. On cultivait ici le Cacaboué, autre nom de la Molette. Pierre Tochon dit que le vin rouge de Charpignat était trés connu autrefois.
La disparition des derniers professionnels a conduit les pouvoirs publics à supprimer ce cru le 21 avril 1989.
Sainte Marie d’Alloix
Situé dans le département de l’Isère, à l’entrée de la vallée du Grésivaudan, le vignoble de Ste Marie d’Alloix a disparu face à l’urbanisation.